Communications dans les sessions thématiques ouvertes > #11 Les effets contrastés des démarches de Responsabilité Sociale des Entreprises sur les entrepreneuses et sur les entrepreneur.eusesContact pour soumission de communication
Le Moal Mathieu : mathieu.le-moal@umontpellier.fr Guiliani Florence : florence.guiliani@usherbrooke.ca Torrès Olivier : olivier.torres@umontpellier.fr RésuméLes mutations technologiques, économiques et écologiques transforment l'entrepreneuriat, imposant aux entrepreneurs une adaptation constante. La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) apparaît comme un levier stratégique, favorisant la compétitivité tout en posant des défis inédits pour la santé des entrepreneurs. Si les effets positifs de la RSE sur les employés sont documentés (engagement, bien-être, réduction du stress), son impact sur les dirigeants reste méconnu. Ces derniers doivent jongler entre alignement des valeurs et contraintes supplémentaires (régulations, surcharge de travail, incertitude économique). Loin d’être un remède systématique, la RSE peut renforcer la satisfaction ou accroître la pression, influençant la santé mentale et physique des entrepreneurs. Une meilleure compréhension des mécanismes sous-jacents est essentielle pour optimiser le bien-être des dirigeants et assurer la pérennité des entreprises. Cette session de recherche vise à explorer ces interactions, mettant en lumière les stratégies de résilience et les facteurs contextuels influençant cette dynamique. Mots clésentrepreneuriat, RSE, santé mentale, stress, résilience. Cadrage et objectif de la sessionLes mutations technologiques, économiques, écologiques et géopolitiques redéfinissent profondément les conditions d'exercice de l'entrepreneuriat, imposant aux entrepreneurs une capacité d'adaptation constante face aux évolutions sociétales. Dans ce contexte, la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) émerge comme un enjeu central, incitant de nombreux entrepreneurs à concilier performance économique et impact social et environnemental (Courrent et al., 2018). Les résultats empiriques révèlent que l’efficacité des initiatives de RSE peut renforcer la compétitivité des entreprises : amélioration de l’image de marque, intérêt accru des consommateurs et attractivité pour les talents et les investisseurs (Fatima et Elbanna, 2022). Toutefois, un aspect reste largement inexploré : l’impact de ces initiatives sur les entrepreneurs eux-mêmes. Quels sont les effets des démarches RSE sur leur santé, à la fois physique et mentale ? Cette question, au cœur de cet appel à communication, invite à repenser l’articulation entre responsabilité sociétale et durabilité entrepreneuriale. Les études établissant un lien entre la RSE et la santé au travail se concentrent principalement sur les employés. Elles mettent en évidence des relations positives entre les initiatives de RSE et des facteurs tels que le sentiment d’identification à l’entreprise, l’engagement, le sens au travail, la créativité, ainsi que des comportements favorisant l’innovation et la citoyenneté organisationnelle (altruisme, loyauté, prise d’initiatives, etc.) (Rupp et Mallory, 2015 ; Gond et al., 2017). Selon Kim et al. (2023), la RSE peut également réduire les niveaux de dépression chez les employés en renforçant leur perception de la signification du travail. Ces résultats montrent que lorsque les employés perçoivent leur travail comme porteur de sens grâce aux initiatives de RSE, ils sont moins susceptibles de ressentir des symptômes dépressifs. Bien que ces conclusions soient importantes, elles se limitent à la population salariée et soulèvent des questions sur leur applicabilité aux entrepreneurs. Les entrepreneurs, en tant qu'acteurs clés de la mise en œuvre de la RSE, font face à des pressions spécifiques et souvent multidimensionnelles. Ils sont confrontés à des enjeux uniques tels que la responsabilité sociale de leurs actions, l’épuisement lié à la gestion de plusieurs rôles, le stress constant et la quête de sens dans leurs activités. En effet, l'entrepreneuriat peut aussi offrir un cadre favorable à l’épanouissement personnel et professionnel, surtout lorsque l’alignement entre les valeurs du dirigeant et son entreprise est fort. Cet alignement est fréquemment considéré comme un facteur de bien-être, contribuant à une plus grande satisfaction au travail et à une meilleure santé mentale (Veage et al., 2014 ; Debray et al., 2017 ; Yürüm & Özcan-Top, 2024). Toutefois, il est essentiel de se demander dans quelle mesure cet alignement contribue réellement à une amélioration durable de la santé mentale et physique des entrepreneurs. À l'inverse, ces engagements en matière de RSE peuvent-ils entraîner des contraintes supplémentaires, telles que des surcharges de travail, un stress supplémentaire ou des responsabilités accrues qui risquent de peser sur leur santé mentale ? Par exemple, la pression liée aux régulations plus strictes, les exigences des labels de RSE, les surcoûts des matières premières ou encore l’incertitude économique associée aux fluctuations du marché peuvent-ils accentuer les sources de stress, rendant les dirigeants encore plus vulnérables ? En définitive, la transition vers des modèles d’entrepreneuriat plus durables améliore-t-elle réellement la santé des dirigeants ou redéfinit-elle simplement les sources de stress et de satisfaction ? Alors que l'engagement sociétal est souvent perçu comme une voie vers une plus grande reconnaissance et bien-être, il reste à déterminer dans quelle mesure ces engagements induisent également des tensions nouvelles, nécessitant des mécanismes d’adaptation et des stratégies de résilience pour équilibrer l’engagement sociétal et la préservation du bien-être des dirigeants. À ce jour, le lien entre la RSE et la santé mentale des entrepreneurs reste largement inexploré, et il est essentiel de comprendre comment ces dynamiques interagissent et influencent leur bien-être. Une meilleure compréhension de ces processus est cruciale, non seulement pour améliorer la qualité de vie des entrepreneurs, mais aussi pour assurer la pérennité de leurs projets. Peu de recherches ont exploré les facteurs contextuels, tels que les ressources disponibles ou les facteurs issus de la psychologie positive, qui influencent ces interactions, rendant ce champ de recherche particulièrement prometteur et pertinent. RéférencesChao, L.-W., Szrek, H., Pereira, N. S., & Pauly, M. V. (2010). Too sick to start: Entrepreneur’s health and business entry in townships around Durban, South Africa. Journal of Developmental Entrepreneurship, 15(02), 231‑242. https://doi.org/10.1142/S108494671000152X Courrent, J.-M., Chassé, S., & Omri, W. (2018). Do entrepreneurial SMEs perform better because they are more responsible? Journal of Business Ethics, 153(2), 317‑336. https://doi.org/10.1007/s10551-016-3367-4 Debray, C., Ben Tahar, Y., & Paradas, A. (2017). Chapitre 5. Les conflits entre valeurs et choix stratégiques peuvent-ils nuire à la santé des dirigeants de PME ? In La santé du dirigeant (p. 75‑89). De Boeck Supérieur. https://doi.org/10.3917/dbu.torre.2017.01.0075 Fatima, T., & Elbanna, S. (2023). Corporate social responsibility (CSR) implementation: A review and a research agenda towards an integrative framework. Journal of Business Ethics, 183(1), 105-121. Gond, J. P., El Akremi, A., Swaen, V., & Babu, N. (2017). The psychological microfoundations of corporate social responsibility: A person‐centric systematic review. Journal of Organizational Behavior, 38(2), 225-246. Kim, B. J., Kim, M. J., & Lee, D. G. (2023). The mental health implications of corporate social responsibility: the significance of the sense-making process and prosocial motivation. Behavioral Sciences, 13(10), 870. Rupp, D. E., & Mallory, D. B. (2015). Corporate social responsibility: Psychological, person-centric, and progressing. Annu. Rev. Organ. Psychol. Organ. Behav., 2(1), 211-236. Veage, S., Ciarrochi, J., Deane, F. P., Andresen, R., Oades, L. G., & Crowe, T. P. (2014). Value congruence, importance and success and in the workplace: Links with well-being and burnout amongst mental health practitioners. Journal of Contextual Behavioral Science, 3(4), 258‑264. https://doi.org/10.1016/j.jcbs.2014.06.004 Yürüm, O. R., & Özcan-Top, Ö. (2024). The crucial role of personal values on well-being and resilience in the software industry. IEEE Software, 41(4), 115‑123. https://doi.org/10.1109/MS.2024.3395059 |
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