Communications dans les sessions thématiques ouvertes > #5 Les transitions socioécologiques sous le prisme des approches critiques et des notions de justice

Contact pour soumission de communication

Céline Berrier-Lucas : celine.berrier-lucas@isg.fr 

Marie Fall : marie.fall@uqac.ca

Lovasoa Ramboarisata : ramboarisata.lovasoa@uqam.ca

Dimbi Ramonjy : ramonjyd@excelia-group.com

 

Résumé :

Pour sa 4ème édition (après les congrès RIODD 2022 à Aubervilliers, 2023 à Lille et 2024 à Bruxelles), la session spéciale « Les transitions socioécologiques sous le prisme des approches critiques et des notions de justice » présentera un dossier spécial portant sur la même thématique. Cette session recevra également des propositions de communication portant sur des travaux scientifiques examinant les transitions socioécologiques sous le prisme des approches critiques et des notions de justice, et des expériences et expérimentations des actrices et acteurs proposant des alternatives à l’ère du Plantationocène.

 

Cadrage et objectif de la session

Cette session intitulée « Les transitions socioécologiques sous le prisme des approches critiques et des notions de justice », qui en est à sa quatrième édition, s’inscrit pleinement dans les attendus du 20e congrès du RIODD à Toulouse. Partageant le constat de l’équipe organisatrice que « la capacité des acteurs publics et privés à concevoir et mettre en oeuvre des politiques socio-environnementales justes et efficaces est sévèrement ébranlée » (appel à propositions, 2025, p.3), nous sommes aussi d’avis que les analyses devraient être réalisées « à l’aune des dynamiques de pouvoir et des rapports conflictuels inhérents aux processus de transitions socio-environnementales. » (ibid., p.3). Dès la première édition de cette session, tenue à Aubervilliers en 2022, nous avons mis les notions de justice au coeur de notre proposition : une justice environnementale, comme condition de l’acceptabilité sociale des initiatives de transitions, attachée selon nous, à la justice épistémique1.

Défendre des perspectives plurielles (comme l’invite l’appel, p.4) est un objectif central de cette session devenue récurrente. Il convient de rappeler que sa première édition au RIODD 2022 visait à présenter les travaux composant le numéro spécial de la Revue de l’Organisation Responsable « Décoloniser la RSE : perspectives plurielles ». Toujours dans l’esprit de promouvoir ce pluralisme, voire de contribuer au pluriversalisme 2 , nous avons axé les deuxième et troisième éditions, respectivement aux congrès du RIODD à Lille en 2023 et à Bruxelles en 2024, sur le dialogue entre disciplines et territoires. Un numéro spécial de la revue Organisations et Territoires est issu du congrès de 2023.

Ces dernières années, de plus en plus de chercheuses et chercheurs (incluant des doctorantes et doctorants) de disciplines variées (sciences de la gestion, géographie, sociologie, etc.), représentant différents territoires ou restituant des expériences originales sur ces territoires (Belgique, Cameroun, France, Guatemala, Haïti, Québec), mais aussi des actrices et acteurs d’organismes de justices environnementale, sociale et épistémique (ATD Quart-Monde en France et en Belgique, Mères au front au Québec, Paroles d’excluES) ont manifesté leur intérêt à s’allier à notre projet scientifique3. Un pas important a été franchi avec la production d’un dossier spécial dans la Revue Organisations & territoires4, composé des contributions de celles-ci et ceux-ci.

La session du congrès de Toulouse sera une occasion de présenter ce dossier spécial. Nous inviterons les contributrices et contributeurs à faire un retour d’expérience de leur participation à ce projet éditorial soumis aux injonctions du système de publication académique. De plus, à l’instar des éditions précédentes (aux congrès du RIODD à Aubervilliers en 2002, à Lille en 2023 et à Bruxelles en 2024), cette session aura comme objectif de proposer un espace sécuritaire pouvant rendre visibles et audibles : a) les travaux scientifiques examinant les transitions sous le prisme des approches critiques et des notions de justice, ainsi que b) les expériences et expérimentations des actrices et acteurs proposant des alternatives à l’ère du Plantationocène5.

Ainsi, nous faisons appel à des propositions de communication s’inscrivant dans cette visée, adhérant aux approches critiques et proposant ou examinant des pratiques (initiatives associatives, entrepreneuriales, citoyennes, etc.), des façons de s’organiser, des méthodes (de réalisation, production et de diffusion de la recherche), des arrangements, des pédagogies, ou des outils et des récits visant à rendre les transitions socioécologiques justes.

  1. La justice épistémique, que l’on peut associer aussi à la justice cognitive (Visvanathan, 2009), vise à reconnaître le droit des différentes formes de savoirs à coexister (Godrie et Dos Santos, 2017). La quête pour la justice épistémique est indissociable de la décolonisation des savoirs (Hall et al., 2020).
  2. « Le pluriversalisme est le nouveau territoire décolonisé à partir duquel chacun de nous pourrait parler, à lui-même, à son peuple et aux autres cultures. C’est le cadre approprié pour accueillir et accommoder toute la diversité culturelle du monde. Une diversité qui n’aura de finalité ou de sens que si elle s’appuie sur un dialogue décolonisé susceptible de nous conduire l’unité de l’humain » (Iyé, 2018, p.285).
  3. Les initiatives de ces dernières années portées par nos collègues jeunes chercheuses et chercheurs sont à bien des égards enthousiasmants. Sans être exhaustif, voir par exemple le cahier Dits et Écrits de la ROR (2024) ou l’appel de la jeune revue Revue OEconomia Humana (2025).
  4. Sous presse au moment de déposer cette proposition de session au congrès du RIODD 2025.
  5. Initié par Anna Tsing (2015) et Donna Haraway (2015, 2016) comme un concept critique de l’Anthropocène, le Plantationocène restitue à notre ère ses dimensions historiques et politiques, absentes de la notion d’Anthropocène. Aussi, il remet en question la vision homogénéisée de l’humanité anthropocénique, qui masque les rapports de domination instaurés par l’Occident. Haraway (2015) définit le Plantationocène comme « la transformation dévastatrice de divers types de fermes humaines, des pâturages, et des forêts en plantations extractives et fermées, qui se fondent sur le travail des esclaves et d’autres formes de travail exploité, aliéné, et généralement spatialement déplacé ».

 

Références

Appel à publications (2025) « Les écologies décoloniales: pe(a)nser une Terre inhabitable » Revue OEconomia Humana, Duprez, C ; Colin,R. ; Torun, Z. ; Ferrant, A. ; Cardinal, P-A ; Exantus, J.
Berrier-Lucas, C. ; Delannon, N. ; Langevin, M. ; Ramboarisata, L. (2025, à paraître) « Pe(a)nser à l’ère du Plantationocène : les approches critiques et la RSE » in Les Grands Courants de la RSE, coord. Berrier-Lucas, C. et Vercher-Chaptal, C., éditions EMS.
Catala, A. (2025). The dynamics of epistemic injustice. Situating Epistemic Power and Agency. Oxford University Press.
Droguett, F. F. (2021). Extractivisme et patriarcat : Défense des territoires et des corps. In Violences de genre et résistances (Aurélie Leroy, pp. 55–64). Éditions Syllepse.
Duterme, B. (2025). Business vert et pays pauvres. Points de vue du Sud. Syllepse.
Escobar A. (2018). Sentir – penser avec la terre. Éditions du Seuil.
Ferdinand, M. (2019). Une écologie décoloniale : Penser l’écologie depuis le monde caribéen. Éditions du Seuil.
Ferdinand, M. (2024). S’aimer la terre: Défaire l’habiter colonial. Éditions du Seuil.
Godrie, B., & Santos, dos, M. (2017). Inégalités sociales, production des savoirs et de l’ignorance. Sociologie et société, XLIX(1). https://doi.org/10.7202/1042804ar
Hall, B., Godrie, B & Heck, I. (2020). Knowledge Democracy and Epistemic In/Justice : Reflections on a Conversation. Canadian Journal of Action Research, 21(1). https://doi.org/10.33524/cjar.v21i1.516
Haraway, D. J. (2015). Anthropocene, Capitalocene, Plantationocene, Chthulucene:
Making Kin. Environmental Humanities, 6(1), 159–165. https://doi.org/10.1215/22011919-3615934
Haraway, D. J. (2016). Staying with the trouble: Making kin in the Chthulucene. Duke University Press.
IYé, A.M. (2018) Le Xeer Issa : une contribution africaine à la construction du « pluriversalisme », Présence africaine, 1(197), p.253-285.
Jaumier, S. ; Le Breton, C. ; Picard, H. (2024) « Dits et Écrits ». Revue de l’Organisation Responsable, Vol. 19, N°1.
Jomini, F., Jousset, D., Poché, F., Tardieu, B. (2023). Pour une nouvelle philosophie sociale. Transformer la société à partir des plus pauvres. Le bord de l'eau.
Mielly, M., Islam, G., Peredo, A. M., Muzanenhamo, P., Irigaray, H. A. R., & Bazana,
S. (2024). Decolonizing perspectives and decolonial pluriversality in management praxis & research: Introduction to the special issue. Cadernos EBAPE.BR, 22(6), e2024-0172. https://doi.org/10.1590/1679-395120240172x
Taleb, M. (2014). L'écologie vue du Sud. Sang de la terre.
Tsing, A. L. (2015). The mushroom at the end of the world: On the possibility of life in capitalist ruins. Princeton University Press.
Visvanathan, S. (2009). The Search for Cognitive Justice. In Knowledge in question: A symposium on interrogating knowledge and questioning science. Yusoff, K. (2018). A Billion Black Anthropocenes or None. University of Minnesota Press.

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