Communications dans les sessions thématiques ouvertes > #6 L’engagement volontaire et collectif des salariés pour l’écologieContact pour soumission de communication Gauthier-Penhirin Arthur : arthur.gauthier@edu.escp.eu Mendes Cristina : cristina.mendes@dauphine.eu Pezé Stéphan : stephan.peze@tsm-education.fr Théron Christelle : christelle.theron@tsm-education.fr Voiseux Norélia : nvoiseux@lilo.org Bonavita Annalisa : annalisa.bonavita@tsm-education.fr
Cadrage et objectif de la session Indissociables des écosystèmes sociaux et écologiques, les activités des entreprises portent une grande part de responsabilité dans la survenue de l’Anthropocène (Acquier et al., 2024). Les très grandes entreprises multinationales des secteurs fortement polluants (dont énergies fossiles ou ciment) ont exercé une influence majeure sur le dérèglement climatique. Les crises écologiques et sociales appellent une transition vers de nouveaux paradigmes, impliquant de renoncer à l’impératif de croissance comme seul horizon (Banerjee et al., 2021). Cela implique d’instaurer des modes de gouvernance plus démocratiques et inclusifs des intérêts du vivant (Ferraras, Battilana et Méda, 2020) ou encore d’imaginer des modes de consommation plus sobres (Guérineau et Mayer, 2021). L’enjeu est de faire advenir des modèles d’affaires qui répondent aux besoins des populations, sans épuiser les ressources de la planète (Crane et Matten, 2021), et en accompagnant les fortes mutations de l’emploi que cette transition suppose (Laurent, 2023). Cette nécessaire transition suscite des conflits d’intérêts économiques et sociaux au sein des organisations (Gao & Bansal, 2013). Les politiques de transformation à fort impact, décidées démocratiquement, dans l’optique d’une transition environnementale solidaire et juste (Macé, 2022) peinent encore à s’amorcer, freinant les changements pourtant nécessaires au vu de l’urgence des enjeux de l’Anthropocène. Cette inertie alimente de nouvelles formes de mobilisations tant externes (e.g., le blocage de mines de charbon, Lajarthe, 2020) qu’internes aux organisations, notamment d’engagement sous la forme de collectifs de salariés qui ambitionnent de « Transformer l’entreprise face aux crises écologiques et sociales » (Les Echos, 2021). Ces mobilisations spontanées (grassroots ou bottom-up) sont un phénomène en plein essor encore peu étudié (Brisepierre, 2024 ; Pezé & Théron, 2024). L’engagement volontaire des salariés pour le climat peut être appréhendé comme une forme d’activisme interne environnemental (Girschik et al., 2022 ; Skoglund & Böhm, 2020), témoignant de nouvelles formes d’interactions entre les mondes militants et économiques (Bereni et Dubuisson-Quellier, 2020). En effet, ces salariés s’identifient à la fois à leur organisation et à une cause (Meyerson & Scully, 1995), et se sentent concernés par le rôle de leur entreprise dans la société (Girschik et al., 2022). Leur objectif est de mettre en question les pratiques de leur organisation (Buchter, 2021), notamment de RSE, pour assurer une plus grande cohérence entre « qui ils sont » et « ce qu’ils font » (Carrington et al., 2019). Cet engagement volontaire s’incarne dans des actions organisées en dehors de tout mandat officiel lié à la RSE ou au développement durable, avec l’ambition de transformer leur l’entreprise de l’intérieur. Ces actions visent par exemple à sensibiliser d’autres salariés, à influencer l’activité et les pratiques de divers services de l’entreprise ainsi qu’à critiquer de façon constructive les processus et politiques de l’organisation (Skoglund & Böhm, 2020). Toutefois, malgré leurs ambitions, les salariés engagés rencontrent des difficultés à transformer leur entreprise. Leurs succès, généralement limités et incrémentaux, sont qualifiés de petites victoires (Meyerson & Scully, 1995 ; Scully & Segal, 2002) sans qu’on sache si l’accumulation de ces actions et leur combinaison puissent réellement faire advenir des changements de plus grande ampleur (Heucher et al., 2024). Par ailleurs, il apparaît que les succès rencontrés reposent sur l’engagement des salariés dans la durée (Howard-Grenville, 2007), or il semble difficile de maintenir une telle implication sur le temps long (Pezé & Théron, 2024), ce qui pose des questions tant de gouvernance des collectifs de salariés volontaires que de gestion des ressources humaines pour l’entreprise à l’endroit des salariés concernés. Afin de mieux comprendre ce phénomène émergent et son potentiel de transformation, nous invitons des communications abordant les sujets suivants (liste non limitative) :
Références Acquier, A., Mayer, J. et Valiorgue, B (2024). Anthropocène, limites planétaires et nouvelles frontières des sciences de gestion. Revue Française de Gestion, 2024/2(315), 11-36. Banerjee S. B., Jermier J. M., Peredo A. M., Perey R. et Reichel A. (2021). Theoretical perspectives on organizations and organizing in a post-growth era, Organization Studies, 28(3), 337-357. Brisepierre, G. (2023). La mobilisation écologique des salariés, Synthèse du projet #ECOTAF. Retrieved from https://presse.ademe.fr/wp-content/uploads/2024/01/ECOTAF-synthese-globale-1.pdf Bereni, L., et Dubuisson-Quellier, S. (2020). Au-delà de la confrontation: saisir la diversité des interactions entre mondes militants et mondes économiques. Revue Française de Sociologie, 61(4), 505-529. Buchter, L. (2021). Escaping the ellipsis of diversity: Insider activists’ use of implementation resources to influence organization policy. Administrative Science Quarterly, 66(2), 521-565. Carrington M., Zwick D. & Neville B. (2019). Activism and abdication on the inside: The effect of everyday practice on corporate responsibility, Journal of Business Ethics, 160(4), 973-999. Crane A. et Matten D. (2021). COVID‐19 and the future of CSR research, Journal of Management Studies, 58(1), 280-284. Ferreras I., Battilana J. et Méda, D. (Eds.). (2020). Le Manifeste travail : Démocratiser, démarchandiser, dépolluer, Éditions du Seuil, Paris. Gao, J. et Bansal, P. (2013). Instrumental and integrative logics in business sustainability, Journal of Business Ethics, 112(2), 241-255. Girschik V., Svystunova L. et Lysova E. I. (2022). Transforming corporate social responsibilities: Toward an intellectual activist research agenda for micro-CSR research, Human relations, 75(1), 3-32. Guérineau M. et Mayer J. (2021). Rapport d’étape : organiser la sobriété énergétique. Projet de recherche « Trajectoire(s) de sobriété ». Heucher, K., Alt, E., Soderstrom, S., Scully, M., et Glavas, A. (2024). Catalyzing action on social and environmental challenges: An integrative review of insider social change agents. Academy of Management Annals, 18(1), 295-347. Howard-Grenville J. A. (2007). Developing issue-selling effectiveness over time: Issue selling as resourcing, Organization Science, 18(4), 560-577 Lajarthe F. (2020). Désobéir en masse pour la justice climatique, EcoRev’, 1, 61-74. Laurent E (2023). Économie pour le XXIème siècle, manuel des transitions justes. La Découverte, Paris. Les Echos (2021). Transformer l’entreprise face aux crises écologiques et sociales : les salariés s’engagent, Les Echos, 15 avril. Macé E. (2022). L’approche sociologique de l’Anthropocène : un nouveau cadre historique des rapports sociaux, Les Cahiers de Framespa, 40. Meyerson D. E. et Scully M. A. (1995). Tempered radicalism and the politics of ambivalence and change, Organization Science, 6(5), 585-600. Pezé S. et Théron C. (2024). Marcher sur des lignes de crête. Collectifs de salariés pour le climat et transformation de leur entreprise. Revue Française de Gestion, 2024/2(315), 101-123. Scully, M. et Segal, A. (2002). Passion with an umbrella: Grassroots activism in the workplace. Social Structure and Organizations Revisited, In M. Lounsbury et M. Ventresca (Eds.), Research in the sociology of organizations (pp. 125-168), New York: Elsevier. Skoglund, A. et Böhm, S. (2020). Prefigurative partaking: Employees’ environmental activism in an energy utility. Organization Studies, 41(9), 1257-1283. |
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