Communications dans les sessions thématiques ouvertes > #21 Bascules socio-écologiques et Grandes transitions : entre conflits et convergencesContact pour soumission de communicationArnaud Stimec : arnaud.stimec@univ-nantes.fr Cécile Renouard : cecile.renouard@campus-transition.org Céline Del Bucchia : cdelbucchia@audencia.com
RésuméL’importance des enjeux socio-écologiques, alimentés par des rapports alarmants et documentés, ne produit pas d’ajustement collectif à la hauteur des besoins. Une explication de cette inertie peut être trouvée dans la résistance du système dominant et interroge sur la nécessité d’un changement de paradigme social dominant (Dunlap et Van Liere, 1984). Des travaux suggèrent que l’embarquement d’une minorité active peut produire une bascule sociétale (Centola et al., 2018 ; Milkoreit et al., 2018). Entre une bascule sociétale qui est une finalité visée non observable et des bascules individuelles qui peuvent traduire des singularités extrêmes, notre attention se portera sur la contribution des organisations. A quoi contribuent concrètement les organisations dont la bascule (ou des notions équivalentes) est une finalité centrale ? En lien avec la thématique du congrès, nous sommes particulièrement intéressé.e.s par les questions de confrontation et conflits en lien avec les enjeux de bascules et grandes transition. Peut-on dépasser le triptyque révolution, échappée ou recherche de compromis (Wright, 2020) ? Quelles sont les nouvelles formes d’activisme organisationnel au service des bascules (chercheur activiste ; entrepreneur activiste etc.) ? Quelles démarches permettent de faire émerger des consensus non tièdes ? Comment parvenir à être radical sans être marginal ? Cadrage et objectif de la session[Nous reprenons ci-après le manifeste du GT Bascule et Grandes Transitions, en lien avec la thématique du congrès] Les notions de bascule, shift, grandes transitions ne sont pas des notions stabilisées d’un point de vue académique. En outre, les cadres théoriques varient selon que l’on se situe à un niveau individuel, organisationnel ou sociétal. Plusieurs disciplines peuvent donc être convoquées : psychologie sociale, sociologie, sciences politiques, sciences de gestion, économie, philosophie, notamment. A un niveau macro ou sociétal, la notion de bascule peut être rapprochée de la notion de changement de paradigme social dominant (Dunlap et Van Liere, 1984). L’introduction progressive de la modernité, comme paradigme dominant a été largement documentée (par exemple Foucault, 1966 ; Latour, 1991) en mobilisant des concepts voisins. Elle s’est traduite par une bascule majeure dans les attitudes et comportements, notamment en lien avec les activités émettrices de gaz à effet serre. La bascule ou le shift visé par les organisations en question porte donc sur des changements importants de comportement, comparables à l’introduction de la modernité, mais dans une logique de rupture. La notion la plus proche dans la littérature académique pour aborder le changement de régime sociotechnique dominant (ou paradigme social dominant) est celle de social tipping point (point de bascule sociale) qui est mobilisée de manière croissante pour les questions de transitions écologiques et sociales. À un niveau écosystémique, en se fondant sur une vaste méta-analyses des usages, Milkoreit et al. (2018) identifient quatre caractéristiques : (1) l’existence de plusieurs états stables, (2) le caractère abrupt du changement, (3) des rétroactions systémiques et (4) une certaine irréversibilité. Ils proposent de définir la notion de bascule des systèmes socio-écologiques « comme un point au sein d’un système socio-écologique où un petit changement quantitatif déclenche inévitablement un changement non linéaire de la composante sociale du système socio-écologique, sous l’effet d’un phénomène de rétroactions positives qui conduisent inévitablement, et souvent de manière irréversible à un état qualitativement différent du système social ». La notion de bascule se fonde sur des travaux théoriques et expérimentaux (Centola et al., 2018) qui montrent qu’à partir d’un certain seuil, une minorité active peut contribuer à un changement sociétal de rupture. Si la bascule du régime sociotechnique dominant est la finalité visée, l’observation ne peut pour le moment porter que sur les niveaux individuels et collectifs ou organisationnels. Face à l’inertie massive et surprenante, compte-tenu des rapports scientifiques alarmants, il s’agit de comprendre pourquoi et comment des individus et collectifs échappent à cette torpeur collective. Entre une bascule sociétale qui est une finalité visée non observable et des bascules individuelles qui peuvent traduire des singularités extrêmes, notre attention se portera sur la contribution des organisations. A quoi contribuent concrètement les organisations dont la bascule (ou des notions équivalentes) est une finalité centrale ? En lien avec la thématique du congrès, nous sommes particulièrement intéressé.e.s par les questions de confrontation et conflits en lien avec les enjeux de bascules et grandes transition. Peut-on dépasser le triptyque révolution, échappée ou recherche de compromis (Wright, 2020) ? Quelles sont les nouvelles formes d’activisme au service des bascules (chercheur activiste ; entrepreneur activiste etc.) ? Quelles démarches permettent de faire émerger des consensus non tièdes ? Comment parvenir à être radical sans être marginal ? NB : la participation (facultative) à la journée organisée dans le cadre du GT bascule et grande transition, au Campus de la Transition, le 20 juin, peut constituer une première étape utile.
RéférencesBeau, R., Cournil, C., Martin-Chenut, K., Perruso, C., Pierron, J. P., Renouard, C., & Schmid, L. (2023). La société écologique: normes et relations. les Liens qui libèrent. Centola, D., Becker, J., Brackbill, D., & Baronchelli, A. (2018). Experimental evidence for tipping points in social convention. Science, 360(6393), 1116-1119. Dunlap, R. E., & Liere, K. D. (1984). Commitment to the dominant social paradigm and concern for environmental quality. Social science quarterly, 65(4), 1013. Foucault, M. (1966). Les mots et les choses, Gallimard, Paris. Latour, B. (1991). Nous n’avons jamais été modernes : essai d’anthropologie symétrique. La découverte. Milkoreit, M., Hodbod, J., Baggio, J., Benessaiah, K., Calderón-Contreras, R., Donges, J. F., & Werners, S. E. (2018). Defining tipping points for social-ecological systems scholarship—an interdisciplinary literature review. Environmental Research Letters, 13(3). Wright, E. O. (2020). Utopies réelles. La Découverte. Renouard, C., Beau, R., Goupil, C., & Kœnig, C. (2020). Manuel de la Grande Transition. Former pour transformer, Ed. Les Liens qui Libèrent. Van Valkengoed, A. M., Abrahamse, W., & Steg, L. (2022). To select effective interventions for pro-environmental behaviour change, we need to consider determinants of behaviour. Nature human behaviour, 6(11), 1482-1492. |
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