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Proposition portée par les :
-GT Riodd : Entreprise à mission et gouvernances pour l'entreprise engagée" https://riodd.net/gt-riodd/entreprise-a-mission-et-gouvernances-pour-l-entreprise-engagee/
-GT Riodd : Comptabilité, finance et gouvernance socio-écologique : pour l’avènement d’une soutenabilité forte" https://riodd.net/gt-riodd/comptabilite-finance-et-gouvernance-socio-ecologique/
Cadrage et objectif de la session
Un des enjeux centraux du congrès est la compréhension des barrières aux transitions socio- environnementales et la manière dont les organisations peuvent contribuer à établir la légitimité du changement et à créer les conditions de l’adhésion des acteurs concernés. Ainsi, "Comment le fait organisationnel vient se combiner avec les facteurs structurels, économiques, techniques, sociaux, idéologiques, politiques, culturels et psychologiques pour conditionner l’acceptabilité sociale des transitions socio-environnementales ? A priori, on peut penser que les formes ouvertes et inclusives où le pouvoir du capital est sous contrôle social (comme les organisations de l’économie sociale et solidaire ou les entreprises à mission) ont une propension plus grande à agir en ce sens. Mais est-ce bien le cas ? ".
Si la crise financière de 2008 a sans nul doute constitué un moment important de remise en question paradigmatique (Sun & al, 2011, Bourghelle & al, 2021), l’accélération des dérèglements environnementaux et des périls socio-climatiques amène à s’interroger sur les conditions d’un véritable pouvoir transformateur de la finance face aux limites planétaires (Bourghelle et al, 2024). Les "grands défis" actuels autour des questions de soutenabilité appellent aussi à interroger la gouvernance d’entreprise, au sens large. Le champ de recherche consacré à la gouvernance des entreprises et des organisations connaît aujourd’hui un profond renouvellement (voir, notamment, les débats nombreux sur le dépassement de la valeur actionnariale, la redéfinition de l’entreprise théoriquement et en droit, les nouvelles logiques partenariales (Epstein, 2021 ; Levillain et al, 2021 ; Aubert & Hollandts, 2022). Pour autant, le "verrou" de la gouvernance actionnariale compromet- il toute véritable transition (bifurcation ?) vers une "soutenabilité forte" ? Impossible de nous y résigner. A notre sens, l’exploration, l’approfondissement et l’expérimentation à grande échelle les formes alternatives de gouvernance d’entreprises peuvent constituer un puissant levier de transformation de l’action collective, permettant sans doute de contribuer à construire un futur commun et partagé à l’âge de l’anthropocène.
A ce stade, se pose cependant un certain nombre d’interrogations, parmi lesquelles :
- Quelle est la nature du lien entre gouvernance et transformation de l’activité, et comment l’instruire ? On peut noter par exemple que les entreprises qui implémentent des formes "alternatives" de gouvernance ne sont pas nécessairement les plus vertueuses en termes de soutenabilité.
- La gouvernance (en tant qu’"objet frontière" dans le champ des Sciences de Gestion) concerne tout autant juristes, financiers, comptables, stratèges, spécialistes de RSE. Par conséquent, la questionner en la connectant aux enjeux de soutenabilité suppose-t-il impérativement un effort de décloisonnement des champs de savoir ?
- La gouvernance comme "cadre instituant" de l’action collective (Hatchuel, 2018, Hatchuel & Segrestin, 2019) constituerait-elle le niveau d’analyse à partir duquel la question de la soutenabilité peut être instruite ? Assiste-t-on à une/des "mise(s) en dispositif" de la gouvernance ? (Gand, 2023, Aggeri et Gand 2025).
- À quelle aune évaluer la pertinence des propositions émergentes de gouvernance et de finance dite « responsable », dont les effets attendus ne pourraient être perceptibles qu’à long terme, et dont les principes fondamentaux sont aujourd’hui soumis à de profondes attaques (remise en question de la régulation européenne, CSRD vidée de sa substance, backlash de l’ESG aux US …) ?
Afin de contribuer à l’analyse des modes organisationnels et de gouvernance qui facilitent ou qui bloquent ces transitions socio-environnementales et d’identifier des leviers d’action, la session thématique "Quelles formes de gouvernance d'entreprises pour une réelle transitions socio-environnementale" ? se propose de mener des réflexions et mises en débat épistémologique, conceptuelle et praxéologique quant au pouvoir transformateur, mais aussi aux limites, des formes alternatives de gouvernance des organisations dans un contexte d’anthropocène.
- Quels leviers institutionnels de ré-encastrement de la finance et des organisations dans leur environnement sociétal et naturel ?
- Comment continuer à suivre, inventer, théoriser des formes alternatives de gouvernance face à l’emprise, toujours forte, de la valeur actionnariale
- Où en sont les formes de gouvernances partenariales ? par co-détermination ? familiale ? par les communs ?
- Quel pouvoir transformateur, interne et externe, et quelles limites des entreprises à mission ?
- Quels modèles organisationnels, managériaux et leurs impacts sur les dispositifs de gouvernance pour accélérer la bifurcation énergétique et écologique ? (décarbonation, sobriété énergétique, économie circulaire, consommation durable, finance soutenable…)
- Quelles pratiques originales de gouvernance pour favoriser et ancrer durablement l’engagement social et écologique de l’entreprise ?
- Quelle gouvernance et quelle responsabilité sociétale des entreprises pour une soutenabilité forte en finance ?
- Les rachats d’actions : obstacle ou levier de transition socio-environnementale ?
- Quelle gouvernance comptable pour inscrire la double matérialité dans les organisations ?
- Quelle place, quel rôle pour la Nature dans la conception et la mise en œuvre de dispositifs de gouvernance alternatifs ?
- Quelles contributions théoriques des sciences juridiques, politiques, économiques et de gestion pour penser la gouvernance soutenable ?
- Comment refonder la gouvernance financière mondiale pour atteindre l’Agenda 2030 des Nations- Unies ?
Telles sont les questions auxquelles les participants de la session thématique ouverte : "Quelles formes de gouvernance d'entreprises pour une réelle transition socio-environnementale" tenteront de répondre. Cette session thématique accueillera des communications présentées en atelier de recherche mais aussi des tables rondes académiques et professionnelles.
Références
Aggeri, F., & Gand, S. (2025). La mise en dispositif comme cadre d’analyse de l’action collective finalisé e : conceptualisation et mé thodologie (présenté aux50 ans de la RFG, Neoma B.S, 30/01/2025)
Alijani, S., & Karyotis, C. (2016). Finance and Economy for Society: Integrating Sustainability. Emerald Group Publishing Limited.
Aubert, N., Hollandts, X., 2022. La réforme de l'entreprise : un modèle français de codétermination. Presses Universitaires d'Aix-Marseille, 167 p.
Bourghelle, D., Pérez, R., & Rozin, P. (2021). Rethinking Finance in the Face of New Challenges. Bingley: Emerald Publishing Limited.
Bourghelle et al (2024). Pour une véritable transformation de la Finance (dossier thématique) Entreprise et Société, N°15, 2024.
Buckley, L. (2022). The foundations of governance: implications of entity theory for directors’ duties and corporate sustainability. Journal of Management and Governance, 26(1), 29-53.7
Crifo, P., & Reberioux A. (2015). Gouvernance et responsabilité sociétale des entreprises : Nouvelle frontière de la finance durable ?. Revue d’économie financière, 117, 205-223.
Epstein, A. S. (2021). La gouvernance d’entreprise soutenable: un nouveau chantier transdisciplinaire. Revue internationale de droit économique, 35(2), 101-108.
Gand, S. (2023), D’un dispositif à l’autre : le changement dans les organisations pluralistes comme mise en dispositif organisationnel, Habilitation à diriger des Recherches, Université Grenoble Alpes.
Hatchuel, A. (2018). Normes de gestion et action collective. De la societas romaine à l'entreprise de demain", La mission de l'entreprise responsable, B. Segrestin et al. (dir.), Presses des Mines, 2018.
Hatchuel, A. & Segrestin B. (2019), De l'entreprise moderne à l'entreprise à mission : les métamorphoses de l'objet social", Entreprise et Société, N°5, 2019. p 47-61.
Karyotis, C. (2024). Une finance au service de l’agenda 2030 grâce à un apprentissage en double boucle, Entreprise et Société, 15.
Lagoarde-Segot, T. & al. (2024). Monnaie et finance écologique, De Boeck. Levillain, K., Hatchuel, A., Lévêque, J., & Segrestin, B. (2022). La gouvernance de la société à mission-Du cas Danone aux premiers enseignements de la recherche. Entreprise et société, 2022(11), 97-111.
Levillain, K., Segrestin, B., & Hatchuel, A. (2014). Repenser les finalités de l’entreprise: La contribution des sciences de gestion dans un monde post-hégélien. Revue française de gestion, (8), 179-200.
Levillain, K., Segrestin, B., & Hatchuel, A. (2021). La mission: une norme de gestion comme fondement de la gouvernance de l’entreprise responsable. Revue internationale de droit économique, (2), 193-205.
Pharo, J. (2024). De nouveaux statuts/missions pour les entreprises: l’occasion de les pousser fiscalement à démocratiser leur gouvernance, et ainsi de transformer les dispositifs incitatifs?. Revue de l’Organisation Responsable, 19(1), 72-86.
Richard, J., Rambaud, A., 2022. Humanitarian Ecological Economics and Accounting Capitalism, Ecology and Democracy. Routledge, UK, 100 p.
Revelli, C. (2016). Re-embedding financial stakes within ethical and social values in socially responsible investing (SRI). Research in International Business and Finance, 38, 1–5.
Sun, W., Louche, C., & Pérez, R. (2011). Finance and Sustainability: Towards a New Paradigm? A Post-crisis Agenda. Emerald Group Publishing.
Veldman, J., & Willmott, H. (2016). The cultural grammar of governance: The UK Code of Corporate Governance, reflexivity, and the limits of ‘soft’regulation. human relations, 69(3), 581-603.